le libéralisme et le pédagogisme sont la méthadone des crétins
Le pédagogisme, instrument de
destruction
de l'Ecole publique et cheval de Troie
de la marchandisation de l'école
Si la religion a été l'opium du Peuple, si le marxisme
a été "l'opium des intellectuels" (Aron), alors
le libéralisme et le pédagogisme sont la méthadone
des crétins
Rodolphe DUMOUCH
Le pédagogisme et les pseudosciences de l'éducation
Le courant pédagogique en France date des travaux pionniers de Langevin et
Wallon. Paul Langevin fut savant atomiste et enseignant génial. Il passait de
son laboratoire à des classes de collège et y a mis au point, notamment, un
célèbre modèle pour expliquer la structure des gaz.
Paul Langevin, 1872-1946
C'était précisément parce que Paul Langevin était physicien de haut niveau qu'il innova sur la manière d'enseigner la physique. C'est la maîtrise d'une discipline scientifique qui légitime une réflexion sur l'enseignement de cette discipline ; une réflexion en ce domaine qui serait menée par un ignorant en physiques n'aurait aucune légitimité.
Malheureusement, de nos jours, nous en sommes arrivés là. Un certain nombre de charlatans se prétendent spécialistes de l'éducation, alors qu'ils ne maîtrisent que médiocrement voire pas du tout les matières enseignées aux élèves. Ils se prétendent "experts" et veulent régenter le travail des maîtres dans leurs classes, en renforçant la bureaucratie et le pouvoir hiérarchique. Voilà environ trois décennies que le pouvoir a été pris à l'Education Nationale par cette caste d'idéologues qui prônent le "renouvellement" des méthodes d'enseignement, usurpant l'héritage de Paul Langevin. Ils ont réussi à institutionnaliser, à l'Université, une pseudoscience, les "sciences de l'éducation", dénoncée ici par l'Union Rationaliste qui fut l'association crée par... Paul Langevin !
Ces gens ne condescendent plus dans les classes depuis longtemps, mais
veulent apprendre aux autres à enseigner ce qu'ils ne savent pas eux-mêmes. Ils
ont fait main basse sur la formation des jeunes enseignants, avec les IUFM,
créés par Jospin en 1989. Les "sciences" de l'éducation jargonnent à outrance,
abusent de concepts abscons, de manière à couvrir sous de la
pédanterie grotesque l'ignorance de ses zélateurs, en général cooptés
sur "travaux universitaires" (c'est-à-dire sans thèse) ou sur la base de thèses
bidons sur le langage SMS. C'est la caricature de la pseudoscience.
En voici un extrait :
"Le
LNR Group (Linsay,Norman, Rumelhart et al) propose de formaliser les productions
des élèves sous forme de schémata, lesquels utilisent un codage
logico-linguistique pour en représenter graphiquement la structure sous forme de
noeuds et de relations étiquetées. La prise de conscience de ces schématas et le
travail didactique à leur propos peuvent être un moyen de favoriser leur
évolution.
L'idée de conflit sociocognitif, enfin, conduit à la construction de dispositifs
qui font entrer en compétition différents schèmes de pensée coprésents à
l'intérieur de la classe, une forme d'apprentissage mutuel pouvant s'opérer si
l'enseignant a bien construit la situation.
Cet aspect constructiviste et heuristique des apprentissages scientifiques -
quelles q'en soient les modalités - ne doit pas masquer la nécessité
complémentaire d'une structuration permettant aux élèves l'accès à un savoir
socialisé. Celui ci ne saurait être imposé efficacement mais résulte plutôt d'un
effort d'organisation et de reprise d'acquis partiels, grâce à des moyens
didactiques aussi variés que des contraintes rédactionnelles et graphiques, les
démarches de modélisation et les efforts de métacognition"
La didactique des sciences, JP Astolfi et Michel Develay, Que-sais-je, Paris, PUF, 1989.
Ces "pédagogues", que nous appellerons pédagogistes
- de la même manière que l'on distingue écologue et écologiste
- ont
imposé des méthodes qui ont abouti à des résultats catastrophiques, notamment
les sinistres 20% d'illettrés à l'entrée en 6ème.
Une curieuse parenté avec l'obsession contemporaine de la "communication", de la "DRH" et du "managing"
Voilà qui évoque ce qui se développe actuellement dans certaines grosses entreprises. On y voit de plus en plus des brochettes de chefs, de sous-chefs et de sur-chefs qui viennent apprendre au mécanicien, au manutentionnaire, à l'électricien ou au maçon sur son échafaudage, comment procéder alors qu'ils n'ont jamais mis la main dans un moteur, n'ont jamais conduit un chariot élévateur, ne sont jamais montés sur un échafaudage. On le voit aussi parmi nos chers ministres, l'un passant à la Santé sans même savoir ce qu'il y a dans un vaccin, l'autre passant des Transports à l'Education sans jamais avoir conduit un camion ni tenu une classe, un troisième à l'agriculture sans avoir jamais tâté une vache de sa vie. Le pompon, ce fut Léotard, Ministre des Armées, réformé P4.
Nous assistons donc à l'émergence d'une société fondée sur l'ignorance et l'incompétence : Philippe Meirieu, le gourou du pédagogisme, à l'IUFM de Lyon, affirme sans rougir, dans la même gamme, que les anciens bons élèves font de mauvais enseignants. À noter que Philippe Meirieu, d'ailleurs, se garde bien de servir sa sauce à ses propres enfants, qui ont tous été inscrits dans le privé.
Mais le parallèle entre le pédagogisme et le "management" ne s'arrête
pas là :
- La "DRH" fonctionne par objectif, la pédagogie officielle des IUFM bourre le
crâne des jeunes enseignants avec la "pédagogie par objectifs". La DRH
fait des bilans de "compétences", les pédagogistes abusent de grilles de
compétences "formatives" et "sommatives" ; ils en sont
obnubilés à tel point qu'il devient honteux de penser que l'école est là
pour donner des connaissances aux élèves. D'une manière générale, le
verbiage des pseudosciences de l'éducation sont à mettre en rapport avec le
jargon du "management", de la "gestion", de la "communication",
auxquelles se forment une armée de bureaucrates et de financiers dans le secteur
privé. Cela commence à infecter l'Education Nationale, où l'on vient d'ailleurs
de créer une "DRH".
- Une revue porte à son acmé la preuve de cette collusion lamentable : Education & management, présentée ici, sans honte ni pudeur, sur le site du CRDP de Créteil, en y exposant un "esprit d'entreprise" qui n'est pas celui des PME , quiconque y a mis les pieds s'en convaincra.
- La désaffection des jeunes pour les formations scientifiques et l'inflation des formations économiques en est le corollaire direct : nous sommes dans une société qui privilégie la distribution sur la production, le "marketing" et la "communication" à la conception d'un objet ; le paysan qui s'échine dans son champ - parfois la nuit - est moins bien rémunéré que le petit caporal de centre commercial ; les fruits sont revendus au consommateur 10 fois plus chers que le prix imposé au producteur ; le chirurgien, même, est moins bien rémunéré qu'un directeur d'hôpital chargé de gratter la paperasse. Bref tout le monde veut être "chef", éventuellement jouir de son pouvoir de nuisance, mais plus personne ne veut faire l'effort de maîtriser de vraies connaissances.
La preuve est ainsi faite de la collaboration des anciens gauchistes chevelus crasseux et ignares avec le néolibéralisme. Les nouvelles modes pédagogistes, avec la multiplication des activités presse-bouton, où le prof "reste au comptoir", introduisent à l'école toutes sortes d'intérêts privés, ouvrent un espace considérable aux marchands de logiciels, sur le dos du contribuable. Si la religion a été l'opium du Peuple, si le marxisme a été l'"opium des intellectuels" (Aron), il ne fait aucun doute que le libéralisme et le pédagogisme sont la méthadone des crétins, et que des dealers en font leur beurre.
Cette convergence du pédagogisme avec la "gestion" et le "management" se rencontre aussi dans la sphère des pouvoirs, et elle est extrêmement dangereuse pour l'Ecole de la République : les zélateurs des pseudosciences de l'éducation pondent des propositions qui visent toujours à rabaisser le niveau (socle commun du rapport Thélot), à embrigader les professeurs dans des réunionites, à instaurer le contrôle social et à transformer les professeurs en subalternes exécutants (augmentation du temps de présence des professeurs dans les établissements, suggérée par Claude Thélot, création d'une hiérarchie intermédiaire de fonctionnaires inutiles entre le recteur et le proviseur, entre le proviseur et les profs, mise en place déjà de façon rampante). Propositions reprises par le programme de Ségolène Royal - celle qui voit dans chaque enseignant un pédophile en puissance et qui avait déjà transformé l'instituteur en flic pour le contrôle des papiers des chauffeurs de car lors des sorties scolaires.
Nous sommes donc là face à l'un des plus gros scandales de ce siècle, une entreprise de destruction de l'école et de décérébration de la jeunesse, dénoncée dans La fabrique du Crétin par le normalien agrégé de Lettres Jean-Paul Brighelli, par le mathématicien (normalien aussi, et médaille Fields 1992) Laurent Lafforgue. On veut crétiniser la jeunesse pour lui ôter les outils intellectuels de la révolte, en faire des consommateurs dociles et des employés baladés d'emplois précaires en emplois précaires, acceptant leur condition.
trouvé sur un site de la "pédagogie Freinet"...!
La défense des pédagogistes : des amalgames honteux. Non, nous ne
donnons pas de coups de règles sur les doigts
Les pédagogistes parlent de "conservatisme"
et de "corporatisme" des enseignants, de leur refus de toute "réforme"
quand ils refusent leurs méthodes de crétinisation des élèves : on reconnaît là
encore la parenté avec la phraséologie ultralibérale. Le texte
d'un des inspecteurs les plus doctrinaires, Frackowiak, qui sévit à l'Académie
de Lille,
La
liberté pédagogique des enseignants, alibi des conservateurs, obstacle à la
construction de l'Ecole du 21ème siècle, illustre cette dérive qui vise
à dépouiller les professeurs de leur latitude à décider eux-mêmes de leurs choix
pédagogiques - comme on a dépouillé les médecins et les vétérinaires de leurs
prérogatives en matière de prescription et de mise au point d'extemporanés ; le
monde de l'enseignement n'est donc pas le seul en cause : nous assistons à une
une mise au pas, à une subalternisation et à une déresponsabilisation de
nombreux métiers.
Les pédagogistes sont donc l'équivalent de ces vétérinaires administratifs
qui n'ont pas touché une vache depuis 30 ans et ordonnent l'abattage de
troupeaux entiers pour un cas bénin de fièvre aphteuse.
Pour décrédibiliser ceux qui leur résistent, ils ne reculent devant aucun mensonge, aucune falsification. Il font par exemple un amalgame honteux entre le professeur qui refuse leur diktat et les vieilles barbes qui donnent des coups de règle sur les doigts. Brefs nous serions des vieux cons, comme le prouvent d'ailleurs mes relations avec mes anciens élèves ou avec les terminales ( LOL) :
Rodolphe Dumouch (à g.) et d'anciens élèves d'une classe de Terminale
Le pédagogisme, générateur d'autoritarisme, de conformisme et
d'obséquiosité
Nous vivons dans une époque caractérisée par le
retour de l’autoritarisme et du conformisme. Le pédagogisme a prétendu –
dans la filiation des 68tards – former des enseignants plein d’imagination,
rompant avec le modèle autoritariste des vieux enseignants.
Il faut dire que les résultats sont loin d’être de la fête,
aujourd’hui. On sait ce que sont devenus les anciens 68tards, comme par
exemple l' ancien maoïste Denis Kessler, aujourd'hui vice-président du MEDEF et
gérant l'une des pires assurances, AXA, où il s'est illustré par des ruptures de
contrat "non rentables" dont ont été victimes des handicapés.
Dans le monde de l'enseignement, il y a les vieux pédagols,
on en a déjà parlé, mais aussi les nouvelles recrues - constat
évident dans nos établissements à la faveur du remplacement de vieux profs
qui partent massivement en retraite - qui font
souvent preuve d’un autoritarisme et d’un arbitraire impressionnant ; à 24
ans, beaucoup ont déjà l’air de vieillards, imposent des règles et des
sanctions sans état d’âme, radotent leurs cours et font faire des
«activités» aux élèves parce qu’ils doivent en faire. Cette dégradation tient
à plusieurs facteurs :
- La baisse du niveau scientifique du recrutement et la
décérébration à l’IUFM- surtout dans les disciplines littéraires -
induisent une baisse d’enthousiasme dans la transmission des savoirs ;
- Les nouveaux enseignants se perçoivent de plus en plus
comme des subalternes exécutants, pas comme des cadres et des concepteurs.
- Ils ne consacrent plus leur temps libre professionnel à actualiser leurs connaissances, à se former, à lire ; les scientifiques n’arpentent les campagnes et les forêts pour faire de la botanique ou de l’entomologie ; les littéraires lisent beaucoup moins.
Certains même s’ennuient pendant leurs vacances. Ils se vantent d’en avoir de trop, et passent alors aux yeux de l’opinion vulgaire pour des profs qui en veulent, qui ne sont par «arc-boutés sur leurs privilèges», alors que précisément ce sont eux les fumistes : un bon prof a toujours du mal à boucler son programme de lecture ou de travaux de terrain estivaux.
J’ai entendu même de la bouche d’une de ces recrues, dans un stage académique «moi, quand je suis en vacances, je ne me fais pas chier avec la SVT» ! Publications, lectures, excursions de terrain ne sont donc plus perçues comme des activités professionnelles, entretenant un niveau et une passion, mais comme des loisirs. Les gestionnaires étriqués – à la lecture de ce texte – hurleraient précisément que je confonds là «loisirs et travail». la libéralisation et la bureaucratisation du métier sont en marche.
- La mentalité mercantile ambiante les invite à en faire le minimum ; ils rentabilisent leur temps de travail ; temps de travail minimal pour salaire maximal. Ils ne font plus leur métier par passion, ils ne font rien gratuitement. Tout ce qui n’est pas imposé par un chef, un DRH ou un «supérieur» hiérarchique ne fait pour eux pas partie du métier. Ainsi, une «réforme» de leur statut, où toute activité professionnelle serait pointée, surveillée, contrôlée devient un mode acceptable de fonctionnement. Ils ont intériorisé comme norme que les gens ne travaillent que forcés par un chef, sous surveillance (le bâton) ou avec des primes (la carotte). Le sens du service public non seulement n'existe plus, mais il devient à leurs yeux une valeur absurde au regard de telles normes, qui sont des normes ultralibérales, évidemment.
- Le corollaire de tout cela est un désintérêt de ces nouveaux profs pour leur discipline mais aussi pour les élèves. Pour avoir la paix, ils collent, ils sanctionnent, ils mettent des 0, envoient promener les élèves. L’autoritarisme de niveau adjudant remplace l’autorité fondée sur l’ampleur du savoir des maîtres et sur la clarté de leurs démonstrations.
Farenheit 451, "Dans un Etat totalitaire
d’un futur indéterminé, les livres, considérés
comme un fléau pour l’humanité, sont interdits et brûlés"
L'idéologie pédagogiste ne subit pas une dérive autoritaire : elle est devenue intrinsèquement autoritaire
Et ce non seulement au regard des pressions que subissent instituteurs et professeurs récalcitrants aux injonctions des Diafoirus des "sciences" de l'éducation. Elle l'est dangereusement pour les élèves.
Nos vieux profs étaient parfois autoritaires, pour maintenir le calme dans la classe et obtenir des conditions nécessaires à une bonne transmission des savoirs. Leur autoritarisme - et on peut le critiquer - était un autoritarisme pragmatique.
Les pédagogistes, eux, ont longtemps été antiautoritaires, appuyant cette posture d'une pléthore de psychologues larmoyants. L'échec de leurs théories les a alors amener à réviser leur position et à théoriser, à idéologiser l'autorité. Nous sommes donc loin du vieux prof un peu bourru à qui finalement nous pardonnons en nous apercevant qu'il nous a tant appris.
Pour les "spécialistes" de l'éducation, ex-freudo-doltoïstes pleurnichant, l'autorité "rassurerait" les jeunes ; un manque d'autorité provoquerait des angoisses, le jeune doit se confronter à l'adulte et à son autorité pour se "construire" ; ils n'hésitent pas à dire - comme le soi-disant "psy des ados" Tony Anatrella, intégriste catholique et violemment antirépublicain que la manque d'autorité est la principale cause de suicide chez les jeunes. On rejoint tout simplement, sous forme feutrée, les théories des précepteurs de Louis XIII qui affirmaient que le fouetter quotidiennement lui enlevait des angoisses et était indispensable à son éducation.
Il ne s'agit donc plus d'autorité pour obtenir calme dans la classe et travailler, mais bien d'une idéologie profondément réactionnaire. C'est la police dans les têtes, alors qu'avant elle n'était qu'un instrument extérieur aux individus pour maintenir le calme.
Un nouvel obscurantisme est en marche.
J'ai évoqué plus haut Tony Anatrella, le "psy" des "ados".
Eh bien restez bien assis, les psychopédagogues de l'IUFM se réfèrent à Tony
Anatrella ; ils me regardaient avec étonnement quand je leur faisais remarquer
que c'était un conservateur. Dans tous ces milieux, il passe pour un
spécialiste des ados. Ils ont lu son "Non à la
société dépressive" sans même voir qu'il y accuse Voltaire d'avoir
engendré Hitler, qu'il prône le retour à un holisme où l'individu n'est plus
maître de sa vie, de son corps, où les institutions et les pouvoirs transcendent
l'individu. Voilà donc où sont nos anciens gauchistes, nos pédagogues et
leur imagination au pouvoir.
Cette anecdote traduit la gravité et révèle la vraie nature du pédagogisme :
un nouvel obscurantisme, allié implicitement au néolibéralisme et au
conservatisme.
Les pédagogistes ont sévi 20 ans plus tôt aux Etats-Unis que chez nous ; on
en voit aujourd'hui le résultat, en terme électoral au premier chef, mais aussi
à l'échelle d'une société de plus en plus obscurantiste, superstitieuse,
conservatrice, détruisant son système social. Voilà ce qui attend la France dans
20 ans si nous ne balayons pas les pédagogistes d'urgence.
Rodolphe Dumouch
des liens
Reconstruire l'Ecole
(et aussi ici)
Sauver les Lettres
Recuerdo
La Société des Agrégés de
l'Université