Royaume d'Ubu : Jean-Paul Brighelli viré puis réintégré... en 48 h
Royaume d'Ubu :
Jean-Paul Brighelli viré, puis réintégré
en 48 heures...!
Je n'ai même pas eu le temps
de lui adresser un message de soutien... Jean-Paul Brighelli a été
"débarqué", le 10 mai, du jury de Capes de Lettres par le président de
celui-ci : Alain Pagès. Le 12 mai, l'Inspection générale lui expliquait qu'il s'agisssait d'un malentendu : il était réintégré. Et ce M. Pagès, thuriféraire du
pégagogisme dévastateur, sera-t-il blâmé pour ses tendances
inquisitoriales ? Ne pourrait-on désigner un réel défenseur de la
littérature à la présidence du jury de Capes de Lettres ...? (Michel
Renard, 12 mai)
Alain Pagès
sur le blog de Jean-Paul Brighelli
10 mai 2006
Règlements de comptes
Je viens, aujourd'hui 10 mai, de me faire débarquer du CAPES de Lettres Modernes - pour délit d'opinion.
Le président du jury, Alain Pagès, flanqué du vice-président,
l'Inspecteur Général Jean Jordy, m'a interrompu au milieu du classement
des copies que nous venions de ramener à Tours, centre de concours. Il
y avait apparemment urgence... Il m'a expliqué que depuis septembre
dernier, juste après la parution de la Fabrique du crétin, plusieurs
membres du jury, particulièrement ceux de l'épreuve de didactique (dite
pudiquement "épreuve sur dossier") avaient exprimé leur difficulté à
siéger désormais dans un concours qui m'hébergeait. Une pétition a
commencé à circuler entre ces honorables enseignants, pour la plupart
IPR ou chargés de cours en IUFM. Le mouvement s'est accentué après la
parution de À bonne école, où j'ai le malheur d'interroger le
bien-fondé de la part de plus en plus grande de la didactique dans les
concours de recrutement - cette avancée sournoise de la pensée unique
pédagogiste. Désormais, m'a-t-on expliqué, je ne pouvais plus être
présent à l'oral - ni à l'écrit, alors même qu'après enquête (!), je
donnais toute satisfaction à ce niveau, cette année comme l'année
dernière.
Mon cas personnel est peu de chose. Mais il faut être
attentif à un point : je suis viré pour délit d'opinion - et c'est
tout. Cette fois, c'est moi. La prochaine fois, tel autre membre qui
aura eu la naïveté de mettre en avant les savoirs fondamentaux dans la
matière que l'on est censé enseigner, et non l'art délicat de
l'enseigner conformément à la Vulgate des IUFM, fera les frais de la
hargne de ses colistiers. Quand les universitaires ou les profs de
prépas seront priés de rester eux-aussi au vestiaire, le ménage sera
fait. Et les néo-certifiés seront calibrés au plus juste des ambitions
de la sacro-sainte pédagogie...
Bonne chance à tous les résistants du moment. Je ne perds pas courage. Ce n'est qu'un début...
Jean-Paul Brighelli
12 mai 2006
Chers
tous, l'Inspection générale vient de me téléphoner — longuement. "Tout
cela n'était qu'un malentendu, apaisons les esprits." Le président du
jury a suivi, par mail : réintégration immédiate.
Ceux qui voulaient ma peau et avaient pétitionné pour mon éviction doivent manger leur chapeau.
C'était une manière de me tester, et surtout de tester mes amis, la presse, et sans doute le ministre, dont les services ont réagi avec une célérité inattendue, en disant le droit — sans commentaires.
Mille mercis à toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenu, sur ce blog et ailleurs. Et nous le savons désormais, si nous l'avions oublié : en cas d'attaque, seule une riposte massive peut décourager l'agresseur. Hasta la victoria siempre !
Jean-Paul Brighelli
- La fabrique du crétin. La mort programmée de l'école, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005.
- À bonne école, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2006.
- forum de débat sur la Fabrique du crétin : e-litterature.net





