Lettrer le peuple, c'est le civiliser (Victor Hugo)
Lettrer le peuple, c'est le civiliser
multipliez les chemins qui mènent à l'intelligence
Victor HUGO
Les droits
politiques, les fonctions de juré, d'électeur et de garde national
entrent évidemment dans la constitution normale de tout membre de la
cité. Tout homme du peuple est, a priori, homme de la cité. Victor HUGO, décembre 1830, Choses vues,
Cependant les droits politiques doivent, évidemment aussi sommeiller
dans l'individu jusqu'à ce que l'individu sache clairement ce que c'est
que des droits politiques, ce que cela signifie et ce qu'on en fait.
Pour exercer, il faut comprendre. En bonne logique, l'intelligence de
la chose doit toujours précéder l'action sur la chose.
Il faut donc, on ne saurait trop insister sur ce point, éclairer le
peuple pour pouvoir le constituer un jour. Et c'est un devoir sacré
pour les gouvernants de se hâter de répandre la lumière dans ces masses
obscures où le droit définitif repose. Tout tuteur honnête presse
l'émancipation de son pupille. Multipliez donc les chemins qui mènent à
l'intelligence, à la science, à l'aptitude. La Chambre, j'ai presque
dit le trône, doit être le dernier échelon d'une échelle dont le
premier échelon est une école.
Et puis, instruire le peuple, c'est l'améliorer ; éclairer le peuple,
c'est le moraliser ; lettrer le peuple, c'est le civiliser. Toute
brutalité se fond au feu doux des bonnes lectures quotidiennes.
Humaniores litterae. Il faut donc faire au peuple ses humanités.
Ne demandez pas de droits pour le peuple tant que le peuple demandera des têtes.
Quarto-Gallimard, 2002, p. 69-70.
Victor Hugo en 1829, par Devéria
bibliographie
- Choses vues, Quarto-Gallimard, 2002
- Choses vues, 1830-1848, Folio, 1997
* première édition : recuerdo